Il existe une progression demandée aux pratiquants en fonction de la ceinture à laquelle on prétend.
La présentation qui va suivre n’est pas officielle, il s’agit de la façon dont l’équipe pédagogique du TJBN conçoit chaque attendu afin de pouvoir évaluer en toute objectivité les élèves lors des passages de grade.
(Origine du texte : Adrien Borot, professeur et membre du Bureau).
De la ceinture blanche (6e Kyu) à ceinture jaune (5e Kyu)
Découverte des postures servant à se mouvoir dans l’espace de manière coordonnée (savoir se déplacer en garde).
Apprentissage des différentes frappes de manière décomposée (coups de poing : rotation des poings et hikite, coups de pied : lever le genou, tendre la jambe et ramener).
Découverte des esquives pour apprendre à gérer la notion de distance, face à une attaque, d’une manière sécurisée.
Apprentissage des chutes afin d’appréhender la réduction de l’impact d’une projection servant à amener au sol (menton contre la poitrine, pas de chutes sur la nuque).
A travers la découverte des premiers Mouvements de Base (avec des sorties d’atémis, de clés et de projections) plusieurs notions commencent à être abordées (mouvements souvent saccadés et imprécis mais permet d’appréhender la coordination d’enchaînement de mouvements) : équilibre (tenir sur ses jambes), placement (rester à porter de saisir ou de frapper le partenaire), contrôle (frappes encore éloignées afin de préserver l’intégrité du partenaire), déstabilisation (servant de distraction pour se laisser un temps de repos), intensité (amener une force relative dans les mouvements pour un minimum d’efficacité), et déséquilibre (faire en sorte d’utiliser sa force pour que le partenaire ne soit plus sur ses appuis et soit plus facile à contrer).
Importance mise sur les saluts (entrée et sortie du dojo, du tatami, et entre les personnes) afin de préparer à l’aspect SHIN (Esprit) de la discipline qui sera aussi présent par la suite à travers la découverte des premiers Kata (ayant pour but principal d’essayer d’enchaîner des mouvements de manière à peu près fluide tout en mémorisant cette suite de coups).
De la ceinture jaune (5e Kyu) à ceinture orange (4e Kyu)
Réalisation des Kihon afin d’enchaîner des mouvements de plus en plus fluides. La manière de se mettre en garde commence à avoir de l’importance car s’inscrit dans la notion de mise à distance autour d’un périmètre de sécurité, les postures sont elles aussi importantes pour la stabilité (jambes écartées et corps droit).
Passage de réalisation de frappes décomposées à temps par temps pour appréhender la notion de kime (frappes intenses, rapides, puissantes et précises dans la mesure du possible) : chercher à réaliser les coups et enchaînements de manière rapide tout en restant efficace.
Apprentissage de nouveaux Mouvements de Base afin de diversifier les attaques et les sorties, cela permet un travail de coordination et de mémorisation servant par la suite à appliquer ces sorties sur d’autres attaques en Randori.
Application à deux en Randori des techniques apprises : permet de vérifier l’efficacité des techniques lors d’une simulation de combat aux attaques codifiées. En plus de l’importance de la sortie de l’axe d’attaque (notion de rapidité et de déplacement), l’atémi préparatoire sera également mis en avant afin de gérer la distance de placement entre soi et le partenaire tout en rapprochant sa frappe du partenaire afin d’apprendre à contrôler.
Travail des mêmes Kata dans une optique de stabilisation des postures tout en cherchant à enchaîner les mouvements de manière de plus en plus précise (hauteur des frappes, position des jambes).
De la ceinture orange (4e Kyu) à ceinture verte (3e Kyu)
Les déplacements en Kihon se font de manière rapide avec des postures correctes, l’accent est porté sur l’intention (kime) mise lors de ces déplacements (travail des hanches, expiration lors de l’impact).
Ajout de nouveaux Mouvements de Base, ceux-ci sont réalisés de manière rapide et contrôlée sans précipitation (le placement du corps devient important pour la mise en contrainte, la déstabilisation et le déséquilibre).
L’apprentissage de nouveaux Kata offre la perspective d’appréhender des mouvements d’attaques et de défenses à travers des transferts de poids de corps (vers l’avant, vers l’arrières, sur les côtés) offrant l’apprentissage de nouvelles postures (zenkutsu-dachi, kokutsu-dachi, kiba-dachi).
Les Randori à deux se font sur des attaques de n’importe quel côté avec une réponse rapide. Timing de l’esquive et contrôle des frappes et clés sur les articulations sont mis en avant afin de tendre à la maîtrise de ces techniques.
Les chutes sont exécutées en amortissant avec le bras de manière à répartir l’onde de choc sur un maximum de surface (permet la gestion de l’espace, du déplacement et de la sécurité).
Les frappes sont appliquées en utilisant tout son corps (ce n’est plus uniquement le bras ou la jambe qui frappe mais les hanches qui donnent l’impulsion du mouvement). Idem pour les clés (placement, déplacement et usage du corps juste afin de créer le déséquilibre nécessaire pour amener le partenaire en chute ou le maintenir en contrainte articulaire).
Les projections se font dans la même optique : l’usage de la force est minimisé au profit d’un juste placement du corps (descente du centre de gravité en dessous de celui du partenaire) pour un maximum d’efficacité.
Les techniques apprises sont de plus en plus comprises : l’apprentissage ne se fait plus seulement par mimétisme de ce que va pouvoir montrer le professeur, les principes fondamentaux régissant ces techniques (placement adéquat, déséquilibre, kime, etc…) commencent à être implicitement compris par le pratiquant. Cette compréhension peut n’être encore que superficielle pour certains (nécessité de mieux appréhender la gestion de son corps vis-à-vis d’un gabarit potentiellement différent du sien).
De la ceinture verte (3e Kyu) à ceinture bleue (2e Kyu)
La coordination, les déplacements l’équilibre des postures et la justesse des mouvements sont stabilisés.
Les Mouvements de Base ainsi que les techniques traditionnelles abordées en Randori sont exécutés avec intensité, rapidité et puissance. Le travail porte sur la précision et le contrôle de l’exécution de ces techniques. Les esquives sont adaptées à l’attaque (travail de visualisation des attaques).
Du point de vue du GI (Technique), les techniques commencent à être exécutées de manière cohérente par rapport à la situation (compréhension de la différence de poids, de taille et de positionnement par rapport à l’adversaire).
L’exécution de ces techniques commence à se faire dans un souci d’efficacité : savoir gérer sa condition physique (TAI) afin de tenir sur une durée plus ou moins longue d’exécution.
L’étude des Kata se fait en cherchant son propre rythme dans le Kata (placement de la respiration de manière cohérente en vue d’une économie d’énergie, vitesse d’exécution et enchaînement des mouvements). Visualisation des possibles applications des Kata dans un Randori.
Le contrôle se fait de plus en plus présent à mesure que la complexité des techniques utilisées entraîne un plus grand risque pour l’intégrité de la personne qui subit ces techniques. De même lors des Kumite (combat libre), une attention de plus en plus présente est nécessaire d’autant plus que la fatigue se fait sentir.
De la ceinture bleue (2e Kyu) à ceinture marron (1er Kyu)
Réalisation de mouvements, de frappes, d’esquives, de chutes et de projections de manière rapide et efficace avec de bonnes postures ainsi qu’un engagement tant du point de vue de l’intensité que du corps (plus d’hésitation).
Les Mouvements de Base (doivent être connus dans leur intégralité) et les techniques traditionnelles sont réalisés avec kime et contrôle, l’objectif à atteindre est la cohérence de chaque technique dans toutes les situations rencontrées (attaque avant, arrière, sur les côtés, contre un mur, au sol).
Passage à un Randori à trois personnes afin de développer l’attention de manière constante à la fois sur le partenaire subissant la technique mais aussi sur l’environnement alentour.
Travail de déplacement et d’équilibre dans les Kata en travaillant les changements d’orientation.
Découverte de Kata permettant de développer le SHIN en introduisant des concepts plus philosophiques (plus seulement un combat mais une communion avec la Terre et le Ciel, travail de maîtrise de soi à travers l’exécution de Kata lents et en respiration).
De la ceinture marron (1er Kyu) à ceinture noire Shodan (1er Dan)
Les aspects physiques et techniques de l’art martial sont pleinement exercés et maîtrisés.
Les travaux élémentaires sont entièrement réalisés. Les chutes peuvent être exécutées à droite comme à gauche, être plaquées, de dégagement, avant ou arrière, latérale, en longueur et en hauteur (avec et sans obstacle).
Les Kihon sont exécutés avec kime, rapidité, précision ainsi qu’avec l’usage à bon escient du corps : les hanches impulsent le mouvement, connaissance des diverses frappes (avec mains, coudes, genoux et pieds) ainsi que des divers blocages (haut, milieu et bas).
Les clés (sur articulation, écrasement musculaire) et projections (balayages, enroulements, surpassements, sacrifices) sont de même appliquées avec l’intensité nécessaire, précision et contrôle (visualisation de plus en plus juste des limites du partenaire à ne pas dépasser pour atteindre la contrainte nécessaire et suffisante).
Le travail des Kata se fait dans la même optique que les Kihon : recherche d’efficacité dans la réalisation des mouvements, introduction d’une nouvelle approche à prendre en considération : le Kata doit être vu comme un outil de travail à 2 ou plus montrant une large gamme de techniques à comprendre pour saisir l’utilité des Kata étudiés : travail des Bunkai (application). C’est aussi le début de l’apprentissage de Kata se faisant à 2.
Le travail des Mouvements de Base est achevé. Passage au travail des Mouvements de Base Enchaînés afin qu’en plus de la réalisation technique pure, la coordination et la mémorisation permettent de garder ces Mouvements efficaces : placements et timing adéquats, force à appliquer aux coups, torsions et projections adéquates.
Apprentissage de techniques supérieures afin d’apprendre à gérer une nouvelle variable : les armes (placement à adapter et attention à focaliser sur l’arme sans en oublier le reste du partenaire).
Ces techniques seront étudiées en Randori à 2, 3 ou en cercle afin d’accentuer le travail de gestion de l’arme tout en y ajoutant de nouveaux critères : attaques codifiées mais libres, gestion de l’adversaire vis-à-vis de l’arme (différence de réaction et de placement en fonction qu’il s’agisse d’un couteau, d’une matraque ou d’un bâton) ainsi que l’appréhension face à une vraie lame de couteau.
Dans les Randori, une connaissance des différentes frappes et blocages est attendue, ainsi que des diverses clés et projections afin de savoir quelle technique effectuer en quelle circonstance.
Appréhension de techniques au sol dans diverses positions (assis ou allongé) afin d’acquérir plus de compétences ainsi que de pouvoir s’adapter si l’on se retrouve au sol lors d’un combat.
Les Kumite s’exécutent en tenant compte de la différence de niveau avec le partenaire. Les techniques placées sont précises et rapides tout en restant contrôlées lorsqu’il s’agit de zones sensibles ne pouvant être renforcées.
A côté de cela, un respect doit être porté à la tradition : les valeurs du SHIN doivent être pleinement promues par la personne. Cela passe par les divers saluts (en entrant dans le Dojo, envers ses différents partenaires ainsi qu’envers son Senseï), mais aussi le port d’une tenue (Dogi) correcte.
D’un côté, cela permet de donner une bonne image de soi et de son club de par le rôle de modèle qui incombe à la personne (on devient un modèle pour les moins gradés qui nous regardent agir), d’autre part, cela permet aussi de commencer l’apprentissage du DO (la Voie) afin de saisir quelles sont les raisons qui nous poussent à pratiquer un art martial.
A cet effet, des pistes de réflexion philosophiques sont demandées sur divers thèmes liés à la discipline.
Dorénavant, une aide peut être apportée au Senseï afin de l’aider dans ses cours envers les élèves moins gradés ou bien rencontrant quelques difficultés d’apprentissage.
Après le Shodan ? A vous d’y réfléchir !